Les serviettes hygiéniques jetables, c'est la lose

Plusieurs fois, au cours des dernières années, l'idée m'était venue d'essayer les serviettes hygiéniques lavables, mais sans vraiment faire de recherches à ce sujet, surtout à cause d'a priori tels que "ça ne protège pas aussi bien", "faut les changer toutes les dix minutes", "c'est chiant à laver", ou juste "dégueuuuuh". Et puis, récemment, je suis tombée sur un article d'Emma, sur son blog CuiCui Les Petits Oiseaux (dont j'adore le titre, le design, les thèmes abordés, bref, vas y faire un tour tout de suite), et j'ai eu un déclic. Je me suis ruée sur le site de Plim, puis sur ma CB, et ensuite, pour la première fois de ma vie, j'ai attendu impatiemment que mes ragnagna arrivent pour essayer mes jolies petites couches.

Bon, commençons par des chiffres. Les serviettes jetables, c'est en moyenne 15.000 trucs en plastique sanguinolents jetés à la poubelle dans une vie de femme (sans compter les emballages unitaires et les paquets). Je ne sais pas combien pèse une couche, mais mettons, au pif, que ça fait 10 grammes : ça fait 150 kilos de déchets impossibles à recycler et absolument pas biodégradables. 150 kilos par femme. Et à la louche, ça fait un budget d'environ 2.800€ - environ 6€ par cycle.

Les couches lavables, c'est un investissement. Par exemple, chez Plim, une couche coûte dans les 18€. Coton bio, fabriqué en France, durée de vie 5 à 10 ans. Un peu moins cher, on a Momiji, grosso modo 8€ la couche, fabriqué au Sri Lanka, pas bio, durée de vie 3 à 5 ans, donc un peu moins bien question éthique et qualité, mais pour commencer, c'est pas mal.

Disons qu'on reste chez Plim, et qu'on a besoin d'une quinzaine de serviettes pour avoir l'esprit tranquille sur tout un cycle, ça nous fait un investissement de départ d'environ 270€ (mais ça peut facilement être moins... ça dépend de la motivation !). Si ces quinze serviettes durent chacune 5 ans, le minimum annoncé, ça fait donc, dans le pire des cas, 4,50€ le cycle. Et zéro déchet pendant 5 ans. En se débrouillant bien et en prenant soin de ses petites compagnes mensuelles, Plim estime le cycle à 1€.

Dans tous les cas, il y a économie et réduction des déchets donc 20/20 côté théorique.

Passons au côté pratique. Pour le moment, je n'ai testé que les Plim. J'ai commandé des Momiji pour voir, mais elles n'arriveront pas avant quelques jours et ne serviront donc que le mois prochain.

La première question qui se pose, c'est évidemment le confort. Soyons honnêtes : question épaisseur, on les sent plus que les couches plastiques dont on vente la finesse dans les pubs. Mais porter du coton est infiniment plus doux que le plastique qui te rape la foufoune à longueur de journée. Quand tu n'as porté que ça toute ta vie, tu ne t'en rends pas compte, mais une fois que tu as mis une serviette en tissu dans ta culotte, tu ne vois plus jamais le plastique de la même façon. Et surtout, ça respire ! Là encore, il faut essayer pour s'en rendre compte. Même après quelques jours de test, j'ai l'impression d'avoir passé vingt ans à m'emballer la minette dans un sac plastique et à la laisser étouffer, sans même m'en rendre compte.

La seconde question, c'est la fiabilité. Alors là, il faut bien choisir le format de la serviette en fonction du flux. Elles ont beau être vraiment absorbantes, une serviette taille medium ne sera pas suffisante en cas de lâcher de barrage et ça risque de déborder par le devant ou l'arrière. Donc pour les premiers jours, une taille "plus" est indispensable. Cependant, là où c'est bien, c'est que la medium, voire même le format protège-slip basique de Plim, qui fait la même longueur que la medium mais est légèrement moins large aux extrémités, sera largement suffisant pour les derniers jours si, comme moi, tes règles durent pour de vrai trois jours, puis quatre à cinq jours avec quasiment pas de pertes, juste pour faire chier. Donc de ce côté-là, ça demandera peut-être deux ou trois cycles d'ajustement, mais personnellement, je sais que je vais vite m'y faire.

On peut se demander aussi si la serviette tient vraiment bien dans la culotte. Elle n'est fixée que par une petite pression sous le slip et n'a évidemment pas de colle qui lui permet de se fixer. Là, je trouve que ça dépend de la taille. La taille "plus" de Plim ne bouge absolument pas. Par contre, la taille "médium" a, je trouve, besoin d'être réajustée régulièrement. Bon après, ça reste à confirmer. J'ai porté la plus avec un pantalon près du corps, donc tout bien saucissonné, aucun risque que ça bouge. La médium, pour l'instant je ne l'ai portée que sous des robes et sans collants, donc c'est l'été, chaleur dans ton corps et fiesta dans ta culotte (j'ai déjà prévenu que je ne suis pas une princesse ou pas ?). Faudrait que je voie ce que ça donne avec un froc.

Enfin, la question du lavage. Là, évidemment, rien n'égale le jetable. Il faut rincer la couche juste après utilisation, à la bonne température pour ne pas fixer les taches (trop froid, les mailles du tissus se resserrent, trop chaud le sang "cuit", donc il faut rester le plus proche de la température du corps. Par contre si je peux donner un conseil, mieux vaut se contenter de mouiller-presser jusqu'à ce que l'eau de rinçage soit claire, et éviter de frotter le tissu, ça abîme les fibres très vite, et pour ce que ça apporte question réduction des taches, ça ne vaut pas le coup), puis laisser tremper, puis mettre à la machine, soit tout en même temps à la fin du cycle, soit à mesure des machines si on en fait entre temps, sachant qu'il ne faut pas les laver à plus de 40°C (tous les aspects techniques en détail sont sur le site de Plim, je vais pas tout recopier, hein). Il restera toujours des traces, et même si c'est parfaitement propre, ça peut être un peu décevant si on ne s'y attend pas ou si les couleurs sont trop claires (d'où l'excellent conseil d'Emma, que j'ai suivi : commander des couleurs sombres de préférence). Tout ça va prendre, disons, cinq minutes par jour, ce qui est certes beaucoup plus que le jetable mais tellement plus satisfaisant. Et puis, ce temps "perdu", on n'a qu'à le récupérer en faisant pipi sous la douche ! Mouaha.

Si on résume et qu'on compare, le jetable garde quelques petits avantages, mais le lavable reste une solution vraiment meilleure. D'autant que je n'ai pas parlé de l'impact sur la santé... du simple tissu en coton est indéniablement plus sain que du plastique recouvert de cochonneries. Bref, tu l'auras compris, en seulement trois jours, je suis déjà convaincue. Oui, j'avoue, j'aurai toujours une jetable sur moi, au cas où, du moins les premiers temps, mais n'empêche, je suis bluffée !