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jeudi 2 juin 2016

Le végétarisme, c'est un truc de parisien bobo.

Bon, mon titre résume le truc a l'extrême, mais la conversation que j'ai eue hier avec un carniste convaincu ressemblait, de manière très synthétique, à ça. C'est parti d'une conversation, sur un forum, au sujet du livre Antispéciste d'Aymeric Caron (que je n'ai pas encore lu - mais que je compte bien lire bientôt - mais ce n'était pas vraiment ça l'important, dans la conversation). Plusieurs commentaires qualifiaient d'extrêmes et de complètement perchés les gens qui osent émettre l'hypothèse que les animaux devraient avoir les mêmes droit que les humains. Ou, déjà des droits, ça serait pas mal...
Parmi les qualificatifs envers la philosophie de l'antispécisme donnés lors de cette conversation, on trouve : ridicule, délirant, contradictoire, aberrant, fatras de bêtise bobo, et je passe tous les commentaires débiles du type "du coup, il faudrait donner du foin à manger aux tigres" ou "boire du lait synthétique c'est vachement mieux !".
Quand j'ai eu l'audace de m'insérer dans la conversation, juste histoire d'appuyer les deux personnes qui défendaient l'idée, je me suis fait embringuer dans une conversation sans queue ni tête dans laquelle j'ai fini en parisienne bobo qui laisse mourir des gens de faim sur son paillasson (je résume encore hein, mais voilà l'idée globale de ma catégorisation), et qui juge gratuitement les autres (et pourtant, très sincèrement et après plusieurs relectures, je n'ai pas émis le moindre jugement, contrairement à la "partie adverse" qui a insinué bien des choses à propos de moi et de ma vie, qu'il ne connaît absolument pas).

Bref, tout ça pour en venir à une nouvelle réflexion, hautement philosophique, comme d'hab', au sujet du végétarisme. Selon cette personne, se soucier du bien-être animal, c'est une façon de fuir la dure réalité humaine et de rester sur son petit nuage bien moelleux sans rien faire pour sauver le monde, d'où la popularité du truc dans les milieux parisiens bobos. Déjà, je ne suis même pas sûre de quel genre de personne désigne ce "parisien bobo". Et même si c'était si péjoratif que ça, même si ce fameux parisien bobo ne faisait rien d'autre que manger des brocolis et dénoncer la cruauté depuis son MacBook flambant neuf, confortablement installé dans son fauteuil douillet, qu'est-ce que ça peut bien faire ? C'est déjà mieux que ne rien faire du tout. C'est sûr, en attendant il ne va pas donner de sous au SDF qui traîne en bas de son immeuble, ni manifester contre le 49-3, mais eh, chacun est libre de faire ce qu'il veut sans avoir à se justifier.
En outre, je ne connais donc pas les milieux parisiens bobos, mais il est indéniable que je ne suis ni parisienne, ni bobo. J'ai mis deux fois les pieds à Paris et je souhaite y retourner le moins possible (désolée amis Parisiens, c'est pas contre vous, mais ça va trop vitre pour moi). Je vis au fin fond de la Bretagne (bon d'accord, à une demi-heure de Rennes), mes pantalons sont plus souvent recouverts de la bave et des poils de mon chien et de mes chevaux que propres, mes chaussures ressemblent plus à des baskets défoncées et pleines de boue qu'à des mocassins à gland, je descends de paysans pur beurre, bref, je suis loin de l'idée qu'on se fait d'une bourgeoise bohème. Des trois autres végés que je connais, l'une vient de la Drôme et vit dans la même Bretagne profonde que moi, et a l'humour encore plus gras que le mien, l'autre est électricien et la troisième est certes originaire de la région parisienne mais vit en Suisse et n'a rien de la bourge hautaine et moralisatrice non plus.

Pour ce qui est de la facilité à s'engager dans des pseudo-luttes qui n'engagent à rien et ne perturbent surtout pas notre petit confort, tout est une question de point de vue. Je n'en fais certes pas autant que ce que je souhaiterais (eh ouais, désolée, j'ai aussi un taff, un mec, des bestioles, une maison, bref, on a beau le vouloir, on fait pas toujours ce qu'on veut), mais devenir végé, c'est déjà, pour beaucoup de monde, sortir de son petit confort : se remettre en question, se confronter à ses proches (et à tous les crétins qui se plaisent à juger à tort et à travers sans qu'on leur ait demandé quoi que ce soit), et changer pas mal de ses habitudes. Certes, pour la plupart, les défenseurs de la cause animale le font très discrètement, mais prendre du temps pour partager, sur les réseaux sociaux par exemple, les actions de ceux qui agissent moins discrètement, soutenir financièrement ces actions et acteurs, c'est déjà agir. Quant à l'idée de défendre la cause animale au détriment de l'humain, alors que plein de gens dans le monde meurent de faim et de bien d'autres choses, c'est absurde. En quoi aimer les animaux empêche d'aimer les humains ? C'est comme si on devait abandonner son premier enfant sous prétexte qu'on vient d'en avoir un second ! Le cœur humain (quand il n'est pas rabougri par l'amertume, l'étroitesse d'esprit, la haine et toutes ces émotions mesquines) est assez gros pour se préoccuper de plein de causes importantes en même temps. Ce n'est pas parce que je parle plus de cause animale au quotidien que je préfèrerais que tous les humains disparaissent de la planète pour que les animaux y vivent tranquillement (quoique, des fois...). Ce n'est pas parce que voir un animal se faire dépecer vivant m'arrache le cœur que la photo d'un enfant auquel il ne reste que la peau sur les os me laisse indifférente. Au contraire, tout est lié.
Choisir de cesser de manger de la viande, c'était tout d'abord pour ne plus participer à des massacres cruels, mais ça a aussi été motivé par d'autres raisons : préserver l'environnement pour que nos enfants puissent vivre normalement, ne plus manger d'animaux dont la nourriture a participé à la déforestation et, surtout, a été cultivée là où des gens meurent de faim, justement. Si toute la nourriture que l'on donne aux vaches était distribuée à des gens, on serait bien emmerdés avec tous ces surplus de nourriture. Est-ce qu'il faut parler aussi de l'eau, ou c'est bon ?


Bref, non, il n'y a pas besoin d'être perché sur un nuage rose pour manger des brocolis. Non, défendre les animaux n'est pas une fuite par peur de voir la mort en face (si c'était le cas, j'aurais pas toutes ces vidéos immondes qui me hantent à chaque fois que je ferme les yeux). Non, l'écologie, le bio, le végétarisme ne sont pas un truc de bourgeois. Non, ce n'est pas tout beau, tout rose, tout propre. 
C'est éprouvant, de sentir une part de soi qui meurt avec chaque animal torturé - tout comme avec chaque personne qui souffre injustement. C'est éprouvant, de subir les moqueries des autres, de se faire brandir des bouts de steak sous le nez, d'être considérée comme l'allumée de la soirée. C'est éprouvant, d'aller à l'encontre d'un courant de pensée encore majoritaire, et dont les défenseurs sont agressifs et sourds. 
Peu importe le degré d'engagement, parler pour les animaux, c'est pas un truc de fiotte. C'est juste un truc d'être humain...

Source photos : Pixabay / Pexels / Pixabay

12 commentaires:

  1. C'est marrant parce que je suis complètement d'accord avec toi... mais (parce qu'évidenmment, il y a un mais ^^), moi qui continue à manger de la viande et des produits issus des animaux (en vrai, peu de viande et d'oeuf mais beaucoup de fromages et de poissons), ça me gonfle qu'on me fasse la morale (pas toi, hein, je précise) comme si j'étais une meutrière ou une irresponsable... je trouve aussi que certains végé sont très très agressifs envers ceux qui ne partagent pas leur mode de vie et/ou leurs convictions... après, j'en connais aussi de très bien et même des gens très engagés qui font de la sensibilisation (et ça reste de la sensibilisation pas de l'agression)... en tout cas, merci pour cette mise au point ! j'ai décidément beaucoup ton blog :) belle journée

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    1. Je comprends tout à fait que beaucoup d'omnivores deviennent agressifs envers certains végé moralisateurs et accusateurs, même moi ils me sortent par les narines (j'avais d'ailleurs fait un article sur cette guéguerre absurde ^^). Là, il était question de juger de manière aveugle la totalité des personnes qui se soucient du bien-être animal en les accusant de se réfugier dans une cause "facile" alors que plein de gens meurent de faim. Il m'a dit, texto, que je laissais nécessairement le sdf en bas de chez moi mourir de faim (ce qui est compliqué en pleine cambrousse, hein. Le seul sdf qu'il y a chez moi, c'est un chat à moitié sauvage, et il se sert allègrement dans la gamelle de mon propre chat). Bref, il y a un énorme amalgame de fait, et le plus frustrant dans tout ça, c'est que ces personnes, que dis-je, ces juges à l'esprit étriqué sont persuadés d'avoir raison et t'accusent allègrement de porter des jugements faciles sur les autres alors que depuis une demi-heure c'est lui qui te juge sans aucune concession. Donc, il ne me connaît pas du tout, mais a su tout de suite que je suis une connasse qui l'ouvre mais qui ne fait rien... (en plus, vraiment et sans mauvaise foi aucune, mon discours n'a en rien été moralisateur ou accusateur - sachant le type de réactions que ce type de discussions peut engendrer, je fais toujours très attention à ce que je dis, un petit exploit pour quelqu'un qui a du mal avec la langue de bois ^^).
      Bref, tout ça pour dire, que ceux qui aiment se faire la guerre à coup d'accusations stériles, grand bien leur en fasse, mais être intégrée dans cette guerre malgré moi, alors que je tente simplement de donner mon ressenti sur le sujet, ça me gooooonfle ! ^^ ça donne presque envie de se contenter de fermer sa gueule et de bouffer des brocolis dans son coin...
      Mais heureusement, de manière générale, je tombe plutôt sur des personnes qui, comme toi, se servent de leur matière grise et savent faire la part des choses. Cela dit, si un jour j'ai l'air de commencer à tomber dans les discours moralisateurs, je t'en supplie, dis-le moi ! ;-)
      Bonne journée à toi aussi Cécile !

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    2. T'inquiète, tu es toujours super respectueuse <3

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    3. Merci Cécile <3 (bon, j'ai traité le mec en question de désespéré de la vie inintéressant et étroit d'esprit, puis de con qui ne mérite pas la moindre attention, un peu plus bas, mais ça compte pas, hein ? :"> )

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  2. Bon, finalement tout cela pourrait se résoudre facilement. Toutes ces tensions, ces querelles, ces demandes de justification, ces accusations, ces insultes parfois, cette condescendance, cette agressivité, ce moralisme, ce prosélytisme des omnivores envers les végétariens, des végétaliens envers les végétariens, des végans envers les végétaliens, de tout un chacun envers tout le monde... J'arrête ? Chacun croit détenir la vérité alors qu'il suffirait que chacun respecte l'autre dans ses choix et ne l'accuse pas de faire des choix différents. Le respect est décédé a dit ma fille le jour où elle a lu le commentaire acide et insultant qu'un aimable lecteur détenteur de LA VÉRITÉ avait laissé sur mon blog à propos de la diète médiatique (sujet polémique aussi...) mais non, le respect n'est pas décédé, il est juste un peu endormi parfois et ce qu'il faut c'est le réveiller. Moi aussi j'ai eu droit à pas mal de qualificatifs bariolés lorsque j'ai témoigné sur la diète médiatique. Je me suis rendue compte à quel point les gens sont stressés et de ce fait deviennent extrêmement agressifs. Tu as tes convictions, reste cohérente avec ce que tu es et basta, les autres ne sont pas ton affaire et laisse leur leurs problèmes et leur étroitesse d'esprit si tu vois qu'il s'agit de désespérés de la vie... ;-)
    Des bises !

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    1. C'est ça le mot clé : le respect ! Mais les gens ne peuvent pas s'empêcher de se juger entre eux, sans même avoir balayé devant leur porte avant... Chacun croit détenir LA vérité, mais y a-t-il une seule vérité ? J'avais effectivement lu pas mal des commentaires qui avaient été laissés au sujet de ta diète médiatique, et beaucoup "rigolé". Peu importe le sujet, les gens se croient tellement supérieurs à leurs interlocuteurs, et tellement bien protégés derrière leur petit écran...
      On dirait que l'agressivité est devenu le seul ton possible pour dire quand on n'est pas d'accord. Alors qu'il est tellement plus simple (et plus apaisant !), de dire simplement pourquoi on est pas d'accord. Parce dans le fond, ce mec-là au final ne m'a pas vraiment dit pourquoi il n'était pas d'accord. Il ne m'a pas dit : "moi je pense ça, et du coup je fais ça, et je me sens bien avec ça". Il m'a simplement dit : "tu as tort, tu n'est qu'une merde, vous êtes tous des merdes, et j'ai raison même si je refuse de te donner le moindre argument valable". Il était énervé d'avance parce qu'il avait décidé que le sujet était débile, et ça a fini par me gaver, au final on a tous vécu une conversation débile et frustrante alors qu'on aurait pu avoir un petit débat passionnant.
      Mais bon, comme tu le dis, c'est un désespéré de la vie dont l'étroitesse d'esprit n'a d'égale que l'absence totale de choses intéressantes à dire, et je ne m'en occuperai plus ! ^^
      Gros bisous Isabelle ! :-)

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  3. Tu me rappelles une "conversation" que j'ai ai tout un après-midi sur la page Facebook du blog suite à un post qui disait juste "seuls les agneaux ont besoins de leurs côtelettes".
    Un type a répondu, non, moi aussi et c'était parti pour des heures d'agressivité et de mépris de sa part. J'ai hésité à couper, mais me suis dit (c'est l'ancienne formatrice qui parlait sans doute) que j'allais essayer de lui prouver qu'il se trompait le plus gentiment possible, car il m'avait demandé au cours de la conversation, de lui prouver qu'on pouvait se passer de côtelettes.
    Bref, j'ai eu aussi droit aux tigres qui mangent de l'herbe et cie, tout ça pour rien, juste perdre mon temps et ne jamais recommencé.
    En effet, sans respect rien n'est possible et sans éducation non plus.
    Grosses bises Marianne

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    1. C'est marrant ça, qu'est-ce qu'il faisait sur la page Facebook d'un blog ostensiblement végé si le végétarisme l'irrite tellement ? Des fois, les gens se croient très intelligents et dotés d'une incroyable science infuse alors que leurs contradictions en disent en fait bien long sur leur mentalité...
      Mais bon, tu as raison, discuter avec ce genre de personnes n'est qu'une perte de temps (et parfois de sang-froid). Je préfère discuter calmement avec des gens sincèrement curieux, même s'ils ne sont pas d'accord, voire contre, et même s'ils ne comptent pas changer d'avis, pourvu que le respect aille dans les deux sens ! Que les cons restent où ils sont, je m'en passe volontiers :p
      Bisous Clémentine ! :-)

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  4. Un très bel article, plein de vérité et qui remet les points sur les i. Merci :)

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  5. Si des personnes viennent vous lire et vous agresser verbalement sur vos idées et vos choix de vie c'est absurde de leur part et quelle dépense d'énergie pour alimenter leur mal être, il serait préférable de se promener au soleil et savourer la vie, ce merveilleux luxe qui nous est offert. Je suis une "mamie" et visite les blogs bio et désencombrement que j'applique doucement. Bonne continuation

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    1. Bonjour Linette,
      Par chance, cette conversation a eu lieu sur un forum extérieur à ce blog (et dont le sujet n'a rien à voir, puisqu'il s'agit juste de livres), et je n'ai encore jamais été confrontée à des malotrus qui viennent sur mon propre espace avec toute leur agressivité à déverser (sauf une fois au sujet de produits d'hygiène pour les bébés, mais ce n'était pas bien méchant au final), mais je sais que ça arrive très souvent (la preuve avec Clémentine sur sa page Facebook, comme elle le dit plus haut), et c'est vrai, c'est absurde et une énorme perte de temps et d'énergie...
      J'aime parler de ces conversations stériles ici, non pas pour me plaindre et non pas parce que ça me perturbe plus que ça, j'arrive à passer outre, mais pour dénoncer l'absurdité de tout ça et en espérant, un peu naïvement, qu'à force d'en parler, ici et ailleurs, les mentalités changeront progressivement. Pas gagné, hein ^^
      Bref, oui, profitons plutôt de tout ce que la vie a à nous offrir, soyons fiers de nos choix et laissons les autres être fiers des leurs (ou pas, mais ça c'est leur problème). Je vous souhaite de belles découvertes dans vos visites ! :)

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