Autrefois on l’associait avec l’immortalité et la longévité. Salvia vient du latin salvare,
"guérir", "sauver". Elle a traversé les siècles et les continents,
aussi bien comme aliment que comme médicament, et ce depuis l’époque des
pharaons. Les Grecs de l’Antiquité reconnaissaient déjà ses propriétés
souveraines pour favoriser la digestion et traiter les infections des
muqueuses, et ils l’offraient aux dieux, preuve encore de son caractère
sacré.
Pour les Romains, c’était l’"herbe
sacrée", qui se récoltait avec un cérémonial spécial, sans
l’intervention d’outils de fer (on sait aujourd’hui que les sels de fer
sont une substance incompatible avec la sauge !), "en tunique blanche,
les pieds nus et bien lavés", après avoir sacrifié au préalable avec du
pain et du vin. Ils étaient persuadés que non seulement elle protège la
vie, mais qu’elle aide à la donner, "elle retient ce qui est conçu et
vivifie". Ils la conseillaient donc aux femmes enceintes et à celle qui
voulaient le devenir : elle devaient demeurer quatre jours sans partager
la couche conjugale, boire une bonne ration de jus de sauge, puis
"habiter charnellement avec l’homme", et alors elles étaient censées
concevoir.
Au Moyen-Âge, elle gardera cette vertu
de fertilité et sera souvent recommandée aux femmes enceintes, devant
absorber une infusion de ses graines pour qu’elle "fixe le fruit dans le
corps, le fasse grandir et le fortifie". Elle entrait également
obligatoirement dans la composition des préparations aux noms évocateurs
tels que des élixirs de longue vie qui tenaient la vedette dans la
pharmacopée : eau d’arquebuse, eau céleste, eau impériale, etc., et un
axiome proclame : "Pourquoi mourrait-on lorsqu’on cultive la sauge, si
ce n’est qu’aucune plante des jardins n’est assez forte contre la
mort ?". On lui attribuait alors le pouvoir de triompher de la mort.
Plus tard encore, les traités médicaux
lui accordent une place considérable : "le désir de la sauge est de
rendre l’homme immortel " ou encore : "elle a tant de vertus qu’elle
passe dans l’esprit de plusieurs pour une plante universelle et propre à
tous maux". L’abbé Kneipp fera cette recommandation : "aucun
propriétaire de jardins n’oubliera, en le cultivant, d’y planter un pied
de sauge."
Enfin, certains groupes d’Amérindiens
mélangeaient la sauge avec de la graisse d’ours pour guérir les
problèmes de peau. On l’a également utilisée pour traiter les verrues,
ou encore pour lutter contre la peste, à l’époque des grandes épidémies
qui ont ravagé l’Europe.
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