Construire une maison (passive), épisode 3

Voilà, maintenant qu'on a parlé de la construction de la maison en elle-même, il faut aussi parler du reste, parce qu'une maison, ce n'est pas qu'une maison !

Pour qu'une maison passive (ou pas) soit réellement écolonome, c'est ce qu'on met (ou pas) dedans (et autour) qui va compter. Alors attention, je vais te parler là de solutions que je connais, soit pour les avoir mises en œuvre, soit pour les avoir vues à l’œuvre, soit pour les avoir envisagées. Cet article n'a pas la prétention d'être exhaustif (j'aimerais bien, mais il me faudrait des mois pour lister toutes les solutions possibles et imaginables !). Bref, ce ne sont là que des pistes, des idées, des envies ; ça n'empêche pas d'en discuter en commentaires, si tu as d'autres idées : elles sont les bienvenues ! :)


Une maison passive (ou pas), ce ne sont pas qu'un sol, des murs et un toit. C'est tout un système qui, pour être le plus écolonome possible, doit être le plus cohérent possible. Il existe plein de possibilités pour rendre une habitation encore plus économique, encore plus écologique et encore plus éthique. Ce ne sont parfois que des détails, ce sont souvent des investissements supplémentaires et non négligeables, mais quand on en a la possibilité, il y a plein de solutions qui méritent vraiment d'être envisagées.

Construire local

J'en parlais dans l'article précédent, nous avons fait fabriquer nos fenêtres par notre menuisier. Nous avions reçu plusieurs offres, d’artisans locaux également, mais qui proposaient, comme le demandait le dossier monté par l’architecte, des fenêtres fabriquées en usine mais certifiées pour le passif. Ça semblera peut-être idiot à certaines personnes, cette décision de payer plus cher pour quelque chose qui n'est même pas certifié (je précise que les performances ont été calculées, mesurées et approuvées, on ne fait pas non plus les choses n'importe comment ^^), mais pour nous, c'était une évidence. Je l'ai déjà dit, le but pour nous n'était pas d'avoir un papier qui nous confirme que notre maison répond bien aux standards Passiv Haus, mais bien une maison respectueuse de l'environnement, de notre environnement, ce qui inclut les gens qui y travaillent et y vivent.
Bref, ce n'est qu'un exemple parmi beaucoup de possibilités. On n'a pas toujours le choix des matériaux et de leur provenance, mais quand on l'a, je trouve ça bien d'en profiter !

L'équipement de la maison

Outre tout ces aspects liées à la construction, le principe est donc également d'équiper la maison d'appareils les plus économes possibles en énergie - et en ressources de manière générale.

Bien choisir les indispensables

Commençons déjà par le chauffe-eau, le truc un peu indispensable, à moins que tu sois un-e warrior et fasses tout à l'eau froide (brrrrr). Pour le chauffe-eau, nous sommes partis (enfin nous n'avions pas vraiment le choix, c'était préconisé dans notre étude thermique) sur un chauffe-eau thermodynamique. Conçu sur le même principe que la pompe à chaleur aérothermique, le CET capte les calories de l'air pour faire chauffer l'eau. Il permet au final d'économiser jusqu'à 70% de l'électricité consommée par un chauffe-eau électrique standard. Bon par contre, évidemment, c'est plus cher à l'achat. Deux à trois fois plus cher pour des dimensions équivalentes.

Du côté de la consommation d'eau, on peut faire de petites économies avec des WC équipés d'un lave-main sur le réservoir de la chasse d'eau. Ainsi, l'eau utilisée pour se laver les mains passe directement dans le réservoir et sera réutilisée lors de la prochaine chasse d'eau. Ça ne représentera que quelques litres d'eau par jour, mais quand on met tout bout à bout, on finit par faire de réelles économies.
Il existe plein d'autres solutions pour faire de petites économies d'eau à la maison, on en avait déjà parlé dans un autre article. De même pour l'électricité !

Les appareils électroménagers

Je ne t'apprends rien, il y a à boire et à manger sur le marché de l'électroménager : il y a les bons élèves qui consomment très peu, et il y a... les voraces.
Bon, dans l'absolu si tu es déjà équipé-e en électroménager, ça n'a aucun intérêt d'aller en changer, même du plus économique. Même énergivore, il est plus écologique d'utiliser son appareil jusqu'au bout (ou de le vendre ou le donner, mais surtout pas de l'envoyer à la déchèterie !). Par contre, si tu dois te rééquiper, alors c'est la bonne occasion pour investir dans des appareils de bonne qualité et avec une étiquette-énergie impeccable. Encore une fois, il te faudra souvent payer plus cher pour cette qualité, mais ça voudra aussi dire que tu garderas ton appareil probablement plus longtemps que si tu avais tapé dans le bas de gamme à bas prix. Tout reste une question de choix et surtout de budget. Si les finances ne te le permettent pas, inutile de te flageller pour ça !

Changer de maison, c'est aussi, un peu, changer de vie. Alors, ça peut également être l'occasion de repenser ses besoins, ses habitudes. As-tu vraiment besoin de ce sèche-linge ? De ce lave-vaisselle ? De ce congélateur ? Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse à ces questions. Tu as le droit d'avoir besoin d'un appareil dont quelqu'un d'autre se passera. Je vois pas mal de gens, sur certains groupes Facebook, qui parviennent à se passer, et sans mal, de leur réfrigérateur ou de leur micro-ondes. Je trouve ça génial. Pour ma part, je pense que si je vivais seule, je tenterais volontiers l'aventure. Mais ce n'est pas le cas, et je connais d'avance la réaction du mâle si je lui suggère de se passer du micro-ondes pour chauffer son café tous les matins, ou même du frigo. Ce n'est pas comme si on y mettait beaucoup de choses pourtant, mais je sais qu'il repousserait l'idée sans même prendre le temps d'y penser. Bref, ce sont des choix qui dépendent de plein de paramètres et avec lesquels il faut composer.
Tout ça pour dire : penses-y !
Si tu ne peux pas te passer d'un appareil, tu peux aussi l'envisager autrement : a-t-il besoin d'être si volumineux, d'avoir telle ou telle fonction ? Bref, se lancer dans ce type de questionnement peut conduire à plein de choses, plein de prises de conscience, et même on ne change rien, au final, on peut tout de même se dire qu'on aura fait ces choix en pleine conscience, en toute connaissance de cause.

Le système de chauffage

Bon, dans une maison passive, la question ne se pose pas vraiment, puisque hormis la ventilation, aucun système de chauffage n'est à mettre en place. Mais si tu construis (ou rénoves, d'ailleurs) une maison traditionnelle, il y a plusieurs systèmes envisageables qui sont vraiment économiques et écologiques.
Mon préféré, c'est le poêle à bois. Source d'énergie 100% renouvelable et peu chère (voire gratuite, dans notre cas), système durable et nécessitant très peu d'entretien, chaleur agréable avec, en bonus, la petite atmosphère sympa offerte par le feu qui crépite dans son coin. Le seul hic, c'est que ce n'est pas programmable. Le Déconsommateur a fait un super article au sujet du chauffage au bois, je t'invite vivement à aller le lire !
Ils ont le vent en poupe mais je ne vais pas m'étendre dessus parce que je ne les aime pas : le poêle à pellets et la pompe à chaleur sont également des solutions à envisager. Pour moi, ce ne sont pas des systèmes vraiment fiables ni aussi économiques que le poêle à bois (bon, dans le cas de la PAC, la comparaison est un peu difficile parce que ce sont des systèmes très différents), mais plein de gens y ont trouvé leur compte, alors peut-être que toi aussi !

La gestion de l'eau

Outre les petites économies qu'on peut faire et dont on a parlé un peu plus haut, on peut aussi repenser son système de gestion de l'eau en amont.
Il existe, par exemple, des systèmes de récupération des eaux grises (celles du lave-linge notamment) qui les réinsufflent ensuite dans les WC. Ainsi, on cesse de faire ses besoins dans de l'eau propre et potable et je trouve ça vachement bien !
Plus facile à mettre en place, on a aussi divers systèmes de récupération des eaux de pluie. De la cuve fixée directement à la façade de la maison à celle enterrée au fond du jardin, il semble exister plusieurs options.
Choupi et moi avons opté pour la cuve enterrée, qui récupèrera les eaux des gouttières et les renverra vers la maison à l'aide d'une pompe de relevage.

Voilà, comme je le disais au début de cet article, mon but ici n'est pas de proposer une liste exhaustive de tout ce qu'on peut mettre en place dans son habitation, neuve ou rénovée, pour la rendre plus écolonome, mais de donner quelques pistes, quelques idées, de faire germer l'envie de se lancer.
Ce sont certes, parfois, des investissements assez conséquents ; au final les économies mettront parfois du temps à être effectives, mais encore une fois ce sont des projets qui doivent être envisagés sur le long terme. Et sur une globalité environnementale dont l'impact en termes d'économies est difficile à mesurer a priori mais qui ne serait, peut-être, pas négligeable.

Ce sera, pour le moment, le dernier épisode de cette petite série. Pour l'heure, c'est tout ce que je peux te dire au sujet de la maison passive. La nôtre n'est pas encore terminée, nous n'y vivons pas encore. Nous devrions nous y installer au printemps. Nous pourrons voir ce que ça donne en été, quand il fait chaud, puis à l'automne, quand il fait encore un peu doux (en théorie), et enfin en hiver, quand il fait gris et froid. Je reviendrai probablement faire un petit compte-rendu de nos impressions après avoir passé quelques saisons dans notre nouveau nid. Il y a des grandes chances pour que ce ne soit que dans un an !

Mais en attendant, promis, je vais essayer de rester dans le coin et revenir raconter des trucs de ma vie absolument passionnante... :)