Construire une maison passive, épisode 2

Non, on ne m'arrête plus. Voici le second épisode de ma passionnante histoire de maison passive.

Nous voilà donc au cœur du sujet : une maison "passive", qu'est-ce donc ? Une maison feignasse ? 

Eh bien non, bien au contraire : c'est une maison qui fait tout (ou presque) pour te tenir chaud elle-même, sans avoir besoin de chaudière ou de panneaux rayonnants. Pour qu'une maison soit passive, il y a trois points essentiels à prendre en compte : l'isolation, la ventilation, et les apports solaires via les vitrages.

La base : une maison étanche et bien isolée

C'est déjà le cas avec la réglementation RT 2012, les maisons neuves doivent être étanches (avec une petite marge d'erreur évidemment), c'est à dire qu'aucune faille dans la structure ni dans les menuiseries ne doit laisser entrer (ou sortir) l'air de manière involontaire (évidemment, tu as encore le droit d'ouvrir tes fenêtres pour aérer... ou ta porte pour entrer, d'ailleurs !). Avec le standard Passiv Haus, la maison doit être encore plus étanche. Pour te donner une idée en chiffres, là où la maison classique ne doit pas dépasser un niveau de perméabilité à l'air de 0,6 (l'unité est le m3/h/m² sous une pression de 4 Pa), la maison passive doit atteindre au maximum 0,3 au test d'étanchéité final.
Le but de cette étanchéité est d'éviter au maximum les ponts thermiques. Mais sans une bonne isolation, une maison même étanche restera froide en hiver...

L'un des principaux acteurs d'une maison efficacement passive sera donc l'isolation. En fait, je ne sais pas si toutes les isolations de toutes les maisons passives sont conçues de la même façon. Je sais juste que chez moi, on a en tout 40cm d'isolation brute : 30cm de cellulose injectée de force (donc bien dense... pas juste une gentille couche de coton) et 10cm de laine de verre. Nous avons également opté pour une ossature bois, parce que outre le gain de place considérable par rapport à une structure en parpaing, qui te bouffe 20cm d'épaisseur sur tout le pourtour de la maison (je sais, tu vas me dire que pour pallier à ça, il suffit d'agrandir la base de la maison d'autant - mais en vrai, ce n'est pas si simple. Enfin si : c'est seulement plus cher, puisque la surface augmente d'autant), un simple panneau OSB isole également mieux qu'un gros bloc de ciment vide (bon, relativisons tout de même : c'est clairement pas ça qui va changer grand-chose à la qualité de notre isolation).
(Je sais, mes phrases sont beaucoup trop longues. Pardon.)

La base n°2 : des apports solaires optimisés

Outre une exposition bien pensée (autant en termes d'orientation que de dimensionnement des vitrages), les fenêtres doivent être également conçues pour emmagasiner un maximum de chaleur tout en évitant les déperditions (sans oublier : apporter une isolation suffisante pour ne pas mourir desséché en été). Ça donne des menuiseries ultra isolées avec triple vitrage, et un budget assez conséquent - mais indispensable. Il existe plusieurs marques spécialisées dans le domaine. Je ne les citerai pas, parce que je suis incapable de dire ce qu'elles valent ou non (bien que j'aie eu quelques échos). Nous avons fait faire nos menuiseries par un artisan du coin, qui les fabrique lui-même. Nous avons certes payé un peu plus cher, mais nous avons des produits fabriqués avec des composants essentiellement locaux par des gars du coin. Pour nous, c'était aussi un peu ça, le principe d'une maison respectueuse de l'environnement : qu'elle ne le soit pas que sur la facture d'électricité. Bref, j'y reviendrai.
En tout cas, je ne regrette pas le moins du monde : nos fenêtres ont été fabriquées dans des matériaux de qualité et avec un évident amour du métier : elles sont magnifiques. Ce ne sont que des fenêtres, oui. Mais ce sont quand-même mes fenêtres d'amoûr, cherche pas.

La base n°3 : la ventilation double flux

Voilà le sujet qui pêche le plus souvent, visiblement, dans les maisons passives. À l'occasion de la visite du contrôleur pour les diagnostics obligatoires à effectuer sur notre maison actuelle que nous avons mis en vente, je lui ai demandé s'il lui arrivait de diagnostiquer des maisons passives, et s'il obtenait les résultats attendus. Il m'a confié, sidéré : "Fffoulala, ce sont de vraies usines à gaz !"
Gloups.
"Oui, a-t-il poursuivi. À cause de la ventilation double flux. Souvent, c'est de la merde."
Ah, oui, ça on le savait bien. En tant qu'entreprise d'électricité, il nous est arrivé d'intervenir sur des double flux qui faisaient vraiment mal leur boulot. Souvent, mais pas forcément, parce qu'elles étaient mal mises en œuvre, notamment avec un réseau de gaines souples dans lequel pouvaient se former des poches d'humidité. Bon, je te passe les détails, ça importe peu ici.

Donc, pour la ventilation double flux, deux points essentiels : une marque spécialisée (Zehnder, par exemple. Ce n'est certes pas local (c'est allemand, je suis sûre que tu ne t'en doutais pas du tout) mais c'est, a priori, le meilleur rapport qualité-prix qui existe actuellement sur le marché des ventilations spécialisées certifiées pour le passif). Pas de gaines souples. Point. Je ne vais pas m'étendre beaucoup plus, le spécialiste dans notre couple, ce n'est malheureusement pas moi.
Mais en bref, nous avons une ventilation double flux d'excellente qualité (elle peut, vu le prix - pour l'ensemble du système, compter au moins le double d'une ventilation double flux "basique"), et le seul appoint officiel en chauffage de la maison consistera en des bouches de soufflage équipées de résistances connectées à des thermostats individuels.

Parce que, ne nous leurrons pas : il pourra arriver que nous ayons des périodes hivernales très froides et/ou très peu ensoleillées lors desquelles l'apport des fenêtres ne sera pas du tout suffisant pour atteindre une température de confort minimum. Dans ce cas, ce sont ces bouches chauffantes qui prendront le relais. Leur puissance nominale totale correspond à celle d'un radiateur pour une pièce de vie de taille moyenne. Ça ne fera donc pas exploser notre consommation électrique.

Voilà nos trois mousquetaires de la maison passive.

En résumé, une maison passive, c'est donc :

• Une maison bien isolée
• Des fenêtres triple vitrage
• Un système de ventilation adapté et de qualité (de préférence certifié - ce sera même obligatoire si tu comptes faire certifier ta maison - chose qui coûte un nouveau bras - pour notre part, nous ne le ferons pas : ce qui nous intéresse, c'est la maison, pas le papier. Après, c'est un plus pour la revente. Je sais, je digresse vraiment trop. Comprends-moi : ça faisait plus d'un an que je n'avais pas écrit d'articles, alors ça se bouscule au portillon 😄).

Ces trois paramètres sont indispensables pour une construction qui réponde vraiment aux critères Passiv Haus. S'il y a des économies à faire, ça ne doit surtout pas être sur l'un de ces trois points.

Ce qui nous amène très subtilement au sujet du troisième épisode de cette petite série (reine de la transition bonjour), dans lequel je te parlerai de quelques petites idées pour faire de ta maison passive (ou pas, d'ailleurs) une maison encore plus écolonome (oui, je viens d'inventer un nouveau mot, c'est cadeau // Edit : nan en fait, après vérification, quelqu'un d'autre y avait déjà pensé avant moi. Je réinvente des trucs déjà existants, quoi -_- Enfin bon, comme quoi, les écolos, c'est comme une grande forêt : on est tous connectés ! 😁).
Je te dis donc à tout bientôt, poutou-poutou !