Construire une maison (passive), épisode 1

Comme j'en ai un peu parlé ici et là, tu ne dois pas être sans savoir que Choupi et moi nous sommes lancés dans le projet de construction d'une maison, et plus précisément d'une maison dite passive. Comme quelques personnes semblaient intéressées, je me suis dit que j'allais faire une petite série d'articles à ce sujet.

Je coupe tout de suite court aux objections : oui, je sais que construire une maison, même "passive", n'est pas respectueux de l'environnement, ni minimaliste, ni rien de tout ce que je me plais à prôner sur ce blog. Mais parfois, même si on a toujours le choix, d'autres choix globalement meilleurs s'imposent. Par exemple, outre tous les avantages qu'offre ce type de construction, je serai à 300m de mon travail au lieu de 15km : j'irai en vélo ou à pied et économiserai 150km de carburant par semaine et 30 minutes de trajet par jour (ainsi que beaucoup - beauuuuuuucoup - d'énergie nerveuse...). J'essaierai de profiter de ce temps gagné pour enfin me faire un petit potager digne de ce nom et essayer de réduire mon budget courses. Bref, ce projet coûteux n'est pas qu'une lubie de bobos qui ne savent pas quoi faire de leur argent, c'est un réel projet de vie qui va impacter beaucoup de domaines de notre existence, dans le sens positif du terme.

Bon, tout ça pour dire : Chouchou et moi, nous construisons une maison passive, parce qu'on l'a décidé, et puis c'est tout.

La concept de la maison passive et du label qui va avec, le label allemand Passiv Haus est encore assez peu connu en France (perso, quand notre architecte nous en a parlé, je n'avais qu'une très vague idée de ce que c'était. Pour sa part, c'était son tout premier projet concret de ce type), bien qu'on en parle de plus en plus. Pour faire simple, le principe est d'avoir une maison sans chauffage. Pour cela, on mise sur des matériaux isolants de très haute performance et sur un système de ventilation de compétition.

J'en parlerai plus longuement dans un prochain article. Commençons plutôt par le commencement.

Préparer son projet

Je ne vais pas te sortir du blabla sur comment préparer son projet, son budget, les diverses démarches administratives et j'en passe. Il doit y avoir bien assez d'infos et de conseils à ce sujet sur la toile. Cela dit, si tu as des questions, je serai ravie d'y répondre. :)

Je vais juste parler du choix maison classique / maison passive. Le choix est vite fait, à vrai dire : il dépend du budget que tu peux / veux allouer à ce projet. Grosso modo, une maison passive coûte 10-15% plus cher à la construction qu'une maison classique. Sur une maison à 250.000 euros, ça fait quand-même 25.000 euros minimum. Cependant, sur une maison passive, ta facture d'électricité va être divisée par 5, voire 10. Mais si tu fais le calcul, il te faudra pas mal d'années, voire de décennies, pour récupérer la mise de départ supplémentaire. Au final, je ne crois pas qu'on construise une maison passive par souci d'économie : on le fait surtout par conviction. Et si les finances le permettent...

Pour résumer : une maison classique coûte moins cher à la construction, et une maison passive coûte moins cher sur le long terme (compter minimum 25 ans avant d'amortir le surcoût).

Cependant, et ce n'est pas pour prêcher pour "ma" paroisse, une maison classique, à cause de la RT 2012, c'est hyper relou : tu ne fais pas ce que tu veux. Selon les cas, tu ne pourras pas avoir ton plancher chauffant ou ton poêle à bois, tu seras obligé-e d'installer un poêle à pellets ou des panneaux solaires en fonction de l'étude thermique que te sortira ton bureau d'études. Et ça, je trouve que c'est vraiment nul. Nous on n'a pas de chauffage de toute façon, on a juste l'obligation d'installer une VMC double flux. A côté de ça, rien ne nous a empêchés d'ajouter un poêle à bois, juste pour le plaisir. Si on avait fait une maison classique, on aurait probablement été obligés d'installer soit un poêle à pellets, soit des panneaux solaires, deux choses que je ne peux pas voir en peinture, et ça m'aurait fait bien chier...

Choisir ses intervenants

L'avantage que nous avons Chou et moi, c'est que nous travaillons dans le domaine du bâtiment, lui étant artisan électricien, et moi salariée de son entreprise. Du coup, choisir notre architecte et nos artisans a été plutôt simple et très peu anxiogène : nous savions à quoi nous attendre et nous connaissons parfaitement notre archi et la plupart de nos artisans. Nous connaissions leurs qualités et leurs faiblesses, les choses positives qu'ils allaient pouvoir nous apporter et les points sur lesquels nous allions devoir rester vigilants. En outre, nous savons également comment fonctionne ce milieu un peu particulier et très souvent incompris (pour ne pas dire source de méfiance, parfois à raison, souvent à tort).

Par conséquent, il m'est difficile de donner de bons conseils sur la façon de choisir son architecte et ses artisans quand on n'évolue pas dans ce milieu. Je ne sais pas si se fier aux avis sur Google ou les Pages Jaunes est pertinent - je pars du principe que, sur ces sites, la grande majorité de ceux qui prennent le temps d'émettre un commentaire sont les clients qui ont été déçus. En général, quand on est content, on ne dit rien. Du coup, cette possibilité de donner son avis sur tout et n'importe quoi, c'est bien et mal. 

Si on en a la possibilité, je crois que le mieux est de se fier au bouche à oreille. On a tous quelqu'un dans son entourage ou son voisinage qui a, un jour, fait appel à des artisans pour des travaux de construction, de rénovation ou même simplement pour un dépannage. A partir de là, si on trouve un artisan qui nous inspire confiance, on peut lui demander des conseils sur le choix des autres corps de métier. N'importe quel artisan a toujours tout un réseau de connaissances et de confrères sur lequel il est capable de conseiller. Et n'importe quel bon artisan donnera ces conseils avec grand plaisir. Idem pour l'architecte d'ailleurs : un bon architecte, s'il tient à sa réputation, a tout intérêt à s'entourer des meilleurs artisans. Donc il y a de grandes chances pour qu'un architecte réputé soit de bon conseil en matière d'artisans.
(Petit ajout auquel je n'ai pas pensé lors de la rédaction de cet article : tu peux aussi demander conseil à ta mairie ou ta communauté de communes, voire à l'école de tes enfants ou à toute structure publique (ou même privée) dont l'avis te semblerait pertinent. Toutes les structures administratives font forcément appel, à un moment ou à une autre, à des artisans. Au pire, si la personne que tu as en face de toi ne sait pas, demande-lui les coordonnées du gars (ou de la meuf) qui gère les services techniques municipaux ou communautaires de ta localité.)

Dans tous les cas, il est important de s'entourer d'une équipe en laquelle on a confiance (ou envie d'avoir confiance à la base. Mieux vaut ne pas se lancer du tout que se lancer avec le moindre doute), et de prendre tout le temps nécessaire pour cela. On est toujours impatient, une fois ce type de projet lancé, de le voir commencer, et surtout se terminer. Mais si ça implique de se retrouver avec un truc bâclé, tout ça pour gagner trois mois, ça n'en vaut vraiment pas la peine. Il s'agit de construire une maison, c'est un projet de toute une vie, ça coûte très cher, il n'y a pas de retour en arrière possible : ça vaut le coup de prendre son temps, tout le temps nécessaire, pour monter un projet en béton (ou en ossature bois, voilà pour le jeu de mot pourri du jour 😁).

L'assurance Dommage Ouvrage

Il y a quand-même un petit point "administratif" sur lequel je souhaitais revenir, parce qu'on a un peu galéré avec ça, et qu'on ne reçoit pas forcément toutes les bonnes infos en temps utile - la preuve !

Tu n'es peut-être pas sans savoir qu'il existe une assurance nommée Dommage Ouvrage qui est "obligatoire" pour toute construction. Je mets obligatoire entre guillemets parce que personne ne viendra te taper sur les doigts ni te mettre en prison si tu n'y souscris pas. Par contre, elle ne te protègera pas en cas de vices de construction, et ce sera très compliqué si jamais tu dois revendre ton bien dans les 10 ans suivant sa construction.

Le truc que nous ne savions pas, et que notre architecte ne nous a pas indiqué, c'est que maintenant, pour souscrire à une Dommage Ouvrage, tous les assureurs exigent qu'une étude de type G2 AVP ait été menée avant le début des travaux (étude tout à fait facultative légalement, par ailleurs...). Nous, quand on s'est rendus compte de ça, les travaux étaient déjà commencés et il était trop tard pour la G2. Donc pas de DO. Notre assureur, que nous connaissons bien car il assure toute notre vie personnelle et professionnelle (tu ne veux même pas imaginer quelle somme on lui verse tous les ans), a accepté de nous fournir une DO à condition d'effectuer une étude de type G5 (je te passe les détails sur les types d'études, ça n'a aucun intérêt ici). Étude qui nous aurait coûté la modique somme de 3.000 et quelques euros, tout ça pour pouvoir souscrire à une assurance de 4.500 euros... Nous avons donc dit "non merci" et souscrit à une assistance juridique en béton qui nous coûte la bagatelle de... 90 euros par an, soit 900 euros pour les 10 ans que doit nous couvrir la DO. Je te laisse faire le calcul, de notre côté il a été rapide ! Même si, évidemment, le degré de protection ne sera pas le même, mais l'essentiel étant de bénéficier d'une assistance en cas de pépin.

Bref, je ne suis pas en train de dire que souscrire à une Dommage Ouvrage ne sert à rien (ça, à chacun de se faire son idée et de prendre sa décision). Mais si tu comptes y souscrire, n'oublie pas la G2 AVP qui doit être menée avant le démarrage du terrassement !

Voilà voilà. Dans le prochain épisode, je t'en dirai plus sur cette fameuse maison passive.