La ronce, amie mal-aimée #3

La ronce, outre son fort potentiel casse-bonbons lors de balades en forêt et autres pauses-pipi bucoliques, est connue surtout pour les fruits sous lesquels elle croule chaque été et avec lesquels on aime confectionner tartes, confitures, coulis et bien d'autres douceurs. Et pourtant, ce serait bien réducteur de ne lui accorder que d'agréables propriétés gustatives !

Déjà, il y a 2000 ans, Théophraste et Dioscoride utilisaient ses feuilles pour soigner les maux de gorge.

Il semblerait même que, bien avant cela, nos lointains ancêtres préhistoriques connaissaient déjà quelques unes de ses nombreuses vertus.

Dans la croyance populaire, si on consommait la plante, on s'appropriait ses vertus, notamment sa grande vigueur.

Un concentré de bonnes choses

La ronce, dans son ensemble, c'est des vitamines, des sels minéraux, des tanins et des acides organiques.

Les feuilles contiennent entre 5 à 14% de tanins, qui leur confèrent leurs propriétés astringentes. On y trouve également de l'acide citrique, des pectines et des flavonoïdes, mais aussi 90mg de vitamine C pour 100g.

Les mûres, elles, contiennent :

• Des vitamines : A (45µg pour 100g), C (12 à 17mg pour 100g de fruits entiers, 35mg pour 100g de pulpe), B1 (0,03mg), B2 (0,04mg), B6 (0,05mg), E (0,7mg).
• Des substances minérales : potassium (257mg), magnésium (26 à 30mg), calcium (44mg), fer (0,9 à 1,57mg), cuivre, manganèse, sodium (3mg).
• Des acides organiques (de 0,5 à 1,5%) : acide citrique, acide malique.
• Des glucides (jusqu'à 14%), dont 4 à 7% de sucre simple, ce qui fait plus ou moins 50 calories (~200kJ).
• Des protéines (1 à 1,2g) et des lipides (1g).
• De la cellulose (3g)
• De l'eau (82%)
• Mais aussi des mucilages, des pectines, des pigments anthocyaniques et des carotènes.

Sans surprise, la ronce est donc très intéressante du point de vue alimentaire, surtout qu'il n'y a pas que ses fruits qui sont comestibles, ses jeunes pousses et ses fleurs le sont également.

Propriétés thérapeutiques

• Tout le genre Rubus est doté de fortes propriétés astringentes, mais aussi toniques, anti-oxydantes, dépuratives, diurétiques, anti-diarrhéiques, hypoglycémiantes, hémostatiques et bactéricides.
• La ronce, particulièrement la décoction de ses jeunes feuilles, est universellement reconnue pour aider à combattre les maux de gorge et à soulager la toux, et est ainsi souvent recommandée dans les cas d'angine et de pharyngite : son action astringente agit sur l'inflammation en diminuant la dilatation douloureuse de la gorge. Le jus de mûre aide également à apaiser la toux du fumeur.
• Théophraste et Dioscoride (encore eux) la recommandaient pour soulager les maux de bouche. Elle est d'ailleurs souvent recommandée dans les cas de gingivites, aphtes et stomatites.
• Son action détersive et cicatrisante sera utile pour traiter ulcères, furoncles, abcès et vilaines plaies, en décoction de jeunes pousses dans du vin, ou en collyre pour nettoyer les yeux d'éventuels corps étrangers.
• Les Arabes, eux, prêtaient à la décoction des feuilles des propriétés aphrodisiaques.
• De manière générale, la ronce aide à renforcer le fonctionnement général de l'organisme, particulièrement dans ses fonctions métaboliques. La teinture-mère de mûres serait un excellent fortifiant de l'estomac.
• Du côté de la femme, la ronce serait anti-abortive et favoriserait la nidification, et l'infusion de ses fleurs réduirait l'abondance des règles, mais c'est une info qui reste à confirmer.
• Même les vétérinaires reconnaissent ses vertus : on utilise souvent la décoction de feuilles contre les aphtes et les angines. Les Arabes, eux, ajoutaient des feuilles hachées à l'eau de leurs chevaux pour lutter contre les diarrhées.

Conservation

Il est facile de conserver chaque partie de la ronce que l'on souhaite utiliser. Comme on l'a vu dans le premier article, ses feuilles sèchent facilement, pendues tête en bas.

Les mûres, elles, se congèlent très bien : il faut les laver, bien les égoutter, puis les étaler sur une plaque sans les superposer ni les coller. Une fois congelées, il suffit de les mettre en sachets. On peut également les mettre en bocaux et les pasteuriser.

The end.

PS : tu trouveras quelques infos sur deux autres variétés de ronce que l'on trouve en Europe, ainsi que les liens vers chaque article et, sous peu, une petite fiche récap que tu peux télécharger, sur cette page (que tu peux retrouver en passant par le menu en haut du blog).